« Les gens viennent au monde avec l'idée que leur vie à un but, et qu'une fois atteint seulement il pourront trouver la paix. Je ne suis pas d'accord. Je ne pense pas qu'il soit écrit quelque part que ma vie sera comme elle est, je pense plutôt qu'elle l'est parce que je l'ai choisie. Alors comprends-moi »

Le silence qui règne dans la pièce est devenu insupportable pour Cerina, qui préfère quitter les lieux dignement après un dernier baiser d'adieu à sa mère. Aujourd'hui aurait du être un grand jour pour elle, un nouveau départ, une nouvelle vie, sa vie ! Car jusqu'à présent, elle n'avait jamais réellement eu son mot à dire sur quoi que ce soit, se contentant de suivre les avis de ses parents... Pour ne pas dire les directives. Mais tout à changé, la jeune femme s'est sentie soudain dans le besoin de s'évader, de partir, et de mener à termes ses propres envies, ses propres choix. Aussi s'est elle renseignée durant plusieurs longs mois, avant d'enfin rendre son verdict et de l'imposer. C'était une évidence.

Depuis son plus jeune âge, Cerina ressent une véritable passion pour les tissus. Composer, recomposer, il ne faisait aucun doute qu'elle percerait dans la couture, la haute couture même.
Ses parents, conscients du don qu'elle possédait, lui ont permis de faire des études axées dans ce thème mais jamais ils n'auraient pu imaginer qu'il viendrait à l'idée de leur fille de les laisser seuls, pour débuter sa vie, son magasin, et qui plus est dans le trou du cul du monde ! Jamais ils n'avaient entendus parler de cette bourgade, Gatlin. Eux s'imaginaient leur enfant en haut des affiches dans les grandes capitales, à Paris même ! Capitale mondiale de l'amour et de la mode bon sang ! Tout était prévu, jusqu'au dernier petit détail. Et tout tombe à l'eau.

-Les mains crispées sur le volant Cerina se concentre sur la route du mieux qu'elle le peut. Ses pensées s'évadent et elle ne peut enlever de sa tête l'image de sa mère, aux yeux remplis de déception et de tristesse.

« Reprends-toi. Tout ira pour le mieux, et ils reviendront. »

Le temps pour elle d'essuyer la légère larme qui s'est osée à couler le long de sa joue, et déjà l'entrée de la ville se fait voir. Un panneau clair et accueillant, qui lui souhaite la bienvenue. C'est un nouveau monde dans lequel elle va entrer.


La voiture se gare juste en face d'une vieille maison aux baies vitrées on ne peut plus sales. En un regard, elle en était tombée amoureuse... Ce charme que dégageait la vieille batisse l'avait immédiatement touchée, et son prix était tellement démocratique qu'elle n'eut aucun mal à effectuer un prêt d'indépendant. Maintenant, il lui fallait remettre à son gout les entrailles de ce qui allait être son atelier, son magasin, son chez elle.

Un large sourire aux lèvres, elle quitte alors son véhicule et se dirige d'un pas motivé vers la porte, les bras déjà chargé de ses affaires. Elle était prête à repartir à zéro.

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