La lame du couteau luisait sous la lumière lunaire d'un éclat glacial et inquiétant. Comment était-elle arrivée là, une arme à la main, prête à tuer quelqu'un ? Tout avait commencé quand elle était sortie après une longue discussion acharnée avec sa mère sur le fait qu'elle allait atteindre ses seize ans dans trois mois et qu'il était d'usage qu'elle essai de se comporter convenablement. Elles s'étaient énervées, Pandora considérait qu'elle agissait parfaitement bien. Elle était sortie énervée de cette "réunion de famille" et elle voulait prouver quelque chose à sa mère. La jeune femme avait toujours détesté sa mère, cette femme aigre qui faisait quand même parti de la lumière, elle était détestable, pleine de principes et d'opinions coincées. La belle demoiselle était sortie de la maison par de grandes enjambées agiles et elle avait déguerpie en direction des quartiers mal famés de la ville de Gatlin. Elle s'était avancée vers un homme qui titubait à la sortie d'un bar et l'avait attirée dans une ruelle sombre. Le couteau avait alors été l'évidence, c'était ce qu'elle cherchait depuis le début. Elle voulait prouver à sa mère qu'elle n'était pas comme elle, quoi qu'il lui en coûte. Elle avait alors fait briller la lame devant les yeux affolés de l'humain et elle l'avait regardé d'un air amusé. Sa main armée s'approcha dangereusement du torse de l'homme ivre qui avait du mal à se rendre compte de ce qu'il se passait. Pandora serra les dents tandis que l'acier propre traversait la chair et venait se loger dans le coeur de sa victime. Une larme coula sur la joue blanchâtre de la demoiselle avant qu'elle n'enlève le poignard d'un coup sec. Il était couvert de sang, sale et souillé, elle avait un air dégoûté, mais elle voulait continuer jusqu'à ce qu'on la considère assez mauvaise pour qu'elle aille dans l'ombre. Après son appel, une fois que ses pupilles seraient dorées elle irait voir sa mère, sans doute, elle irait faire ce dont elle avait envie depuis le début. "Alors, je t'ai déçu ? Je te dégoûtes ? Je te révulse ? Tu sais c'est que tu mérites, je te hais. Je te hais." se dit-elle mentalement, révisant calmement ce discours tandis que sa lame venait se planter dans le coeur d'un quatrième homme en une même nuit. Elle avait prit soin de ne pas être vue et elle n'avait même pas touchée les cadavres ni morts, ni vivants. Personne ne pouvait savoir ce qu'elle avait fait.

Trois mois. Trois mois qu'elle avait commit l'irréparable et que sa sybille de soeur avait su le lire sur son visage et le raconter aux autres, causant l'indignation de tous. La jeune femme avait alors amèrement regretté ses actes, elle avait blessé bien plus que sa mère et de plus elle était destinée à l'ombre à présent. Une boule s'était formée dans sa gorge et c'était le grand soir à présent, le jour où elle devait montrer ce qu'elle valait, mais ces trois mois de remords ne la mènerait à rien. Elle sortit alors de la maison à pas de loup, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas éveillé les soupçons. Pandora offrit alors son visage pâle à la lumière de l'astre lunaire et elle sentit qu'un changement s'opérait en elle, en réalité elle en eut l'impression mais rien ne changea. Elle pensait que ses remords allaient s'en aller en étant ténèbres, pourtant ils étaient toujours présents et elle se sentait atrocement mal. Elle courut alors à l'intérieur et s'inspecta dans le miroir. Ses pupilles étaient d'un vert éclatant, signe qu'elle faisait parti des enchanteurs de la lumière, chose qu'elle croyait impossible après ce qu'elle avait fait. Elle courut secouer sa mère veuve qui dormait encore d'un profond sommeil. "Maman, je suis lumière" avait-elle chuchotée cachant mal son soulagement, elle détestait sa mère mais elle l'avait déjà assez fait souffrir en tuant ces quatre hommes, venait maintenant l'heure des excuses, peut-être. A sa grande surprise la femme usée lui lança un regard noir. "Tu ne le mérites pas, Pandora. Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas courir en dehors de cette maison et disparaître à jamais de ma vie. Tu vas t'en aller et tu ne vas pas revenir, compris ?" et le pire de tout c'est qu'après les blessures infligées par ces paroles, elle obéit.

Elle culpabilisait encore de ces actes passés et maintenant tout les enchanteurs lui lançaient des regards mauvais quand elle passait à Gatlin, heureusement elle se plongea dans la lecture acharnée de pièce de théâtre dramatique pour se convaincre qu'il y avait bien pire que son cas. A sa grande surprise elle apprécia ces textes et s'entraîna à les jouer, toujours et encore... Après un examen pour avoir une bourse elle réussit à entrer dans une école de comédie.